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Le fonds CultivAF est un partenariat de 35 millions de dollars canadiens sur dix ans entre le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et l’Australian Centre for International Agricultural Research (ACIAR). CultivAf finance la recherche appliquée visant à améliorer la sécurité alimentaire, la résilience et l’égalité des sexes en Afrique orientale et australe. 

En raison de la demande croissante des entreprises de nourriture pour animaux et des agriculteurs kényans, de jeunes entrepreneurs soutenus par CultivAF ont créé d’autres sources de protéines abordables pour l’alimentation animale.  

En se lançant dans l’élevage d’insectes, un groupe de 100 jeunes kényans, qui avaient auparavant du mal à trouver un emploi à temps plein, ont trouvé un nouveau moyen de subsistance et une nouvelle source de revenus. Connu sous le nom de « Y Minds Connect », ce groupe, dont les membres sont âgés de 20 à 30 ans et qui se trouve dans le comté de Kiambu, a été créé en 2019 pour créer sa propre entreprise de production de mouches soldats noires. En plus d’assurer de meilleurs moyens de subsistance, l’objectif du groupe était d’encourager d’autres jeunes à considérer l’agriculture comme une entreprise commerciale.    

« Y Minds Connect » s’est lancé dans l’élevage de mouches soldats noires pour créer d’autres sources de protéines abordables pour l’alimentation animale. En 2019, les membres ont reçu une formation sur la production d’insectes au Centre international de physiologie et d’écologie des insectes (ICIPE), après quoi ICIPE leur a fourni des œufs de mouches soldats noires et du matériel d’élevage (tels que des serres, des caisses et des cages). Sur un terrain de moins de 0,04 hectare (0,1 acre), fourni par les parents d’un membre, Y Minds Connect produit désormais 1 500 caisses de larves de mouches soldats noires par mois, chaque caisse contenant 3 kg de larves.  

Exploiter les avantages des mouches soldats noires 

L’un des plus grands abattoirs du Kenya, Ndumbuini Slaughter House, est un important fournisseur de déchets qui servent à nourrir les insectes. Cet approvisionnement s’ajoute aux déchets des marchés alimentaires locaux que les commerçants auraient autrement du mal à éliminer - et qui se retrouvent généralement dans une décharge. Les déchets sont fournis gratuitement par l’abattoir et les commerçants, et le groupe de jeunes paie seulement 1 shilling kényan (environ 0,011 $ CAD) par kilo de déchets pour les frais de transport. L’autre coût de production primaire est lié à l’aide à l’élevage des insectes, pour laquelle Y Minds Connect paie en moyenne 25 shillings kényans (environ 0,29 $ CAD) par travailleur.  

« Nous pensons que les déchets d’un homme sont le trésor d’un autre homme, et c’est la raison pour laquelle nous avons souhaité poursuivre l’élevage d’insectes. Le fait de travailler sur un projet à faible coût qui aide la communauté et l’environnement est rentable et épanouissant », s’est réjoui Nicholas Mareve, 24 ans, PDG de Y Minds Connect. « Les aliments pour animaux représentent environ 70 % du coût de l’élevage du bétail, et nous avons été fascinés par le potentiel des mouches soldats noires pour relever ce défi. »   

En août 2021, le groupe a commencé à diversifier ses activités sous la marque « Vihanga », et a produit et vendu des insectes séchés; des aliments pour animaux de compagnie à base de mouches soldats noires; et de la sciure organique (fumier d’insectes) comme engrais pour les cultures. « Nous pouvons vendre la sciure aux horticulteurs, aux floriculteurs et aux agriculteurs biologiques, ce qui stimule vraiment nos activités commerciales », a déclaré Mareve, qui a expliqué que, en une semaine, le groupe peut produire 600 kg de sciure de mouches soldats noires, ce qui lui rapporte 60 000 shillings kényans (environ 668 $ CAD). M. Mareve a ajouté que ce revenu contribue grandement à stimuler les activités commerciales du groupe, à augmenter ses dépenses de marketing et à aider les membres dans le besoin. 

L’élevage et la production d’insectes sont également enseignés à d’autres jeunes et, depuis le début de l’année 2021, le groupe a formé plus de 30 femmes et groupes de jeunes dans le comté de Kiambu. En fonction du nombre de participants, le coût de ces séances varie de 2 000 shillings kényans (environ 22 $ CAD) à 5 000 shillings kényans (56 $ CAD).  

Une partie du succès rapide de l’entreprise peut être attribuée à la participation du projet Aliments à base d’insectes pour la production avicole et piscicole (INSFEED) de CultivAF. Mis en œuvre par ICIPE, INSFEED a pour objectif d’aider les agriculteurs et les jeunes entrepreneurs disposant de ressources limitées à saisir des occasions économiques durables tout au long de la chaîne de valeur des insectes.  

« Y Minds Connect a été une étude de cas sur la façon dont les jeunes entrepreneurs qui ont parfois du mal à accéder aux terres agricoles peuvent exploiter les espaces limités pour se lancer dans des entreprises enrichissantes. Alors que le prix des matières premières destinées à l’alimentation animale, comme les fèves de soja, n’a jamais été aussi élevé et que l’offre diminue, les insectes offrent aux jeunes entrepreneurs l’occasion idéale de tirer profit de cette situation en vue de combler cette lacune », a déclaré Chrysantus Tanga, chef du projet INSFEED et chercheur scientifique du ICIPE. 

Partenariats de production 

Toutefois, le parcours du groupe n’a pas été sans son lot de problèmes. Alors que la demande pour ses produits à base d’insectes a monté en flèche, Y Minds Connect a dû composer avec le coût élevé de l’impartition des services de séchage. « Le séchoir le moins cher que nous puissions obtenir coûte environ 600 000 shillings kényans (environ 6 891 $ CAD), et il sèche jusqu’à 300 kg d’insectes par heure. Cela ne serait pas suffisant pour nous en raison de notre capacité de production d’insectes. Toutefois, nous examinons la possibilité d’établir des partenariats avec des acteurs privés, des institutions financières et le gouvernement du comté pour avoir accès à des options de financement », a déclaré M. Mareve. 

Le groupe s’est également associé à l’entreprise Organic Kitchen Gardens Kenya, laquelle conçoit, plante et entretient des jardins potagers biologiques. Y Minds Connect offre à l’entreprise une partie de ses terres inexploitées pour y aménager des jardins et former les écoliers sur la pertinence et les avantages de l’élevage d’insectes. Pour l’avenir, le groupe espère également commencer à élever des porcs et des poulets pour les vendre sur les marchés locaux afin de maximiser ses revenus, et élaborer un système intégré insectes-bétail.

Image en haut : Georgina Smith | WRENMedia