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Diriger le changement : à la recherche d’approches innovantes pour financer la lutte contre les changements climatiques

 

Par l’intermédiaire de leurs plans d’adaptation nationaux, les pays en développement ont établi d’ambitieuses feuilles de route pour se conformer à l’Accord de Paris. Toutefois, le caractère urgent du financement de ces plans surpasse leur capacité financière nationale. Ainsi, l’élimination de l’écart en matière d’options de financement de la lutte contre les changements climatiques, la mobilisation des acteurs du secteur privé et la création d’instruments financiers novateurs sont des éléments essentiels pour aider les pays en développement à s’adapter à un climat qui change plus rapidement que ce qu’on envisageait.

Le CRDI concourt au leadership international du Canada dans le domaine de l’élaboration et de la mise en oeuvre d’outils et d’approches fondés sur des données probantes liés aux modèles d’adaptation aux changements climatiques et à leur financement. Le CRDI crée également des partenariats qui permettront de réunir des acteurs nouveaux et habituels afin d’appliquer ces modèles à grande échelle et de renforcer l’argumentaire en faveur d’un financement du secteur privé. Un certain nombre de considérations et d’idées clés ont été tirés de la recherche et des partenariats appuyés par le CRDI :

Les approches fondées sur le marché accroissent la mobilisation du secteur privé

Les approches fondées sur le marché permettent d’estimer le prix des stratégies d’adaptation au moyen d’éléments des marchés des produits de base. Elles sont utilisées pour promouvoir ou réduire la production d’un service ou d’un bien précis, ce qui peut inciter le secteur privé à investir dans le financement de l’adaptation. Toutefois, les marchés de l’adaptation font face à un certain nombre d’obstacles, principalement en ce qui a trait à la quantification des avantages. Deux approches sont particulièrement efficaces pour aider les acteurs publics à mobiliser des investissements privés supplémentaires :

  • corriger les imperfections du marché, par exemple, modifier les institutions du marché ou les règlements ou imposer des tarifs, des taxes et des restrictions au marché, verser des subventions, etc.;
  • proposer des mesures compensatoires aux acteurs du secteur privé pour les répercussions sur le profil risque-rendement. À défaut de corriger les imperfections du marché, on peut verser des compensations aux acteurs commerciaux pour les répercussions négatives sur leur profil risque-rendement. L’élaboration d’instruments de marché plus exhaustifs aidera à surmonter plusieurs des obstacles à l’investissement du secteur privé dans l’adaptation.

Rapport Assessing Barriers and Solutions to Financing Adaptation Projects in Africa (en anglais)

Des modèles novateurs sont requis pour attirer les investisseurs vers l’adaptation aux changements climatiques

Les technologies propres et les énergies renouvelables attirent depuis longtemps l’investissement du secteur privé, car leurs avantages – qui ciblent à la fois le risque découlant de l’approvisionnement en ressources limitées et les extraordinaires possibilités de croissance qu’ils présentent – sont plus tangibles que ceux que présentent les stratégies d’adaptation. Pour que le financement du secteur privé s’oriente concrètement vers l’adaptation, on doit élaborer de nouveaux modèles axés sur la principale motivation du secteur privé qui est d’obtenir un rendement convenable sur l’investissement.

De nouveaux modèles, comme ceux créés par le Private Finance Advisory Network (PFAN), rassemblent des investisseurs d’impact et des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) axées sur l’adaptation. Un groupe de MPME sélectionnées a participé à un processus d’encadrement intensif pour fournir du soutien et des conseils en matière de développement de projets, d’obtention de financement, d’amélioration de propositions prêtes à recevoir des investissements et d’élaboration de plans d’affaires acceptables pour les banques. Ces travaux ont donné lieu à un ensemble de projets d’adaptation acceptables pour les banques offrant la possibilité d’attirer le financement du secteur privé. Quoique ces premières étapes soient importantes, un travail important reste à faire pour vérifier la réaction du secteur privé à l’égard de tels modèles et veiller à ce que ces derniers soient créés en fonction des besoins et des facteurs de motivation du secteur privé.

Les stratégies innovantes créent des entreprises durables et résilientes

Le Cadre d’action du secteur privé sur la résilience au climat, élaboré par Business for Social Responsibility (BSR), présente un cadre accessible et concret pour le leadership du secteur privé en matière de résilience aux changements climatiques. Ce cadre souligne également que les changements climatiques représentent un risque important pour les entreprises du secteur privé, avec des implications pour leurs activités, leurs chaînes d’approvisionnement et les communautés vulnérables où elles sont implantées. La capacité de ce cadre à évaluer les risques climatiques au sein des activités et de la chaîne d’approvisionnement des entreprises et des communautés où elles sont implantées est un exemple des stratégies innovantes et des nouvelles approches visant à mobiliser le secteur privé.

Les sociétés d’utilité publique certifiées en Amérique latine constituent un deuxième exemple. Ces entreprises sociales (ou hybrides) se sont engagées à renforcer leur résilience en mobilisant le secteur privé pour atteindre des objectifs durables sur les plans social, environnemental et économique. Ce type de société hybride contribue à réduire l’écart entre les investissements en matière d’atténuation et d’adaptation et met en évidence les avantages connexes de relever simultanément ces deux défis.

Les investissements dans les courtiers du savoir ouvrent la voie au financement privé

Les courtiers du savoir peuvent favoriser l’accès au financement de la lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement. Par exemple, le portail « Climate Finance Ready », qui a été élaboré au moyen d’un partenariat entre le Fonds pour l’adaptation et le Climate and Development Knowledge Network, offre des renseignements, des conseils et des études de cas pour aider les pays en développement à accéder au financement de la lutte contre les changements climatiques.

Les investissements du secteur privé nécessitent un environnement politique favorable

Les gouvernements et les institutions financières publiques peuvent inciter les entreprises à s’engager dans le financement de la lutte contre les changements climatiques en soutenant l’amélioration de la production de connaissances; par exemple, échanger des données sur le climat et des évaluations des risques, faciliter l’innovation en soutenant la recherche et le développement ou offrir des compensations pour les retombées technologiques.

Il existe peu de politiques qui encouragent l’intégration de la réflexion sur la résilience dans les stratégies et décisions d’investissement des entreprises, en particulier sur la manière dont les banques multilatérales de développement peuvent intégrer la réflexion sur la résilience dans les stratégies de financement du développement. De plus, la résilience au climat doit être intégrée dans la planification du développement. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combler les lacunes dans l’approche adoptée par les banques multilatérales de développement en matière de financement de l’adaptation et de la résilience aux changements climatiques, ainsi que dans la manière dont les politiques publiques et les instruments d’atténuation des risques peuvent éliminer les obstacles à l’investissement du secteur privé.

Le financement de l’adaptation souffre d’un manque de leadership

Les pays en développement font face à un manque de capacité à concevoir et à mettre en oeuvre des interventions uniques, qui répondent aux besoins de leurs communautés et mobilisent le financement public-privé. Pour aider à réduire ce manque, il est nécessaire de s’attacher davantage à identifier et à soutenir la prochaine génération de leaders de l’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement. Encourager ces leaders à mettre en commun les enseignements tirés et à apprendre les uns des autres – et les doter de connaissances de pointe sur le financement de l’adaptation – les aidera à devenir des « ambassadeurs du climat », qu’ils travaillent dans la communauté scientifique, dans le secteur privé ou dans un rôle de décideur.

L'adaptation de ces mesures parmi d’autres peut aider les pays en développement à financer leurs ambitieuses feuilles de route vers la résilience et l’adaptation aux changements climatiques.