Efforts déployés par le Canada pour éviter la transmission de la dengue et les décès qui en résultent
21 janvier 2013
Il n’existe pas de traitement spécifique pour la dengue, une maladie grave transmise par des moustiques qui se propage rapidement dans de nouvelles régions du monde. Il n’existe pas non plus de vaccins pour empêcher qu’on la contracte.
La lutte contre la dengue passe surtout par celle contre les moustiques vecteurs. C’est pourquoi le Canada finance des recherches pour éviter la transmission de la maladie et les décès qui en résultent dans une région du Bangladesh où elle fait des ravages. Ces travaux pourraient aussi aider les collectivités du monde entier à élaborer des stratégies de prévention.
La dengue est un problème de santé publique de plus en plus important dans le monde. Avant 1970, seuls neuf pays avaient connu des épidémies de dengue sévère. Désormais, la maladie est endémique dans plus de 100 pays en Asie, en Afrique et dans les Amériques. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la moitié de la population mondiale risque de contracter la maladie. Chaque année, on signale des centaines de milliers de cas de dengue sévère et plus de 20 000 décès.
La dengue est causée par l’un des quatre sérotypes d’un virus transmis par les moustiques Aedes. À l’origine, on trouvait ces moustiques dans les régions tropicales et subtropicales, mais, depuis, ils se sont propagés à tous les continents sauf l’Antarctique. Ils ont notamment causé des flambées de dengue dans le sud des États-Unis, et on les a vus aussi loin au nord qu’à New York et à Chicago.
La dengue sévit tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines, mais ce sont les citadins qui y sont le plus exposés. Le moustique vecteur se reproduit dans l’eau stagnante, que l’on trouve couramment partout où les gens conservent de l’eau pour la consommation et la toilette. La croissance rapide des villes dans les pays tropicaux a entraîné le surpeuplement, favorisant les contacts entre moustiques vecteurs et humains.
En raison d’une mauvaise connaissance des modes de transmission de la dengue et d’une réglementation laxiste, les chantiers dans les villes en pleine expansion constituent des lieux de reproduction idéaux. Les amas d’ordures représentent aussi un danger, car l’eau s’accumule et stagne dans les emballages de plastique, les pneus et d’autres contenants jetés. En outre, en l'absence d’eau qui permet leur éclosion, les oeufs de moustique peuvent survivre au sec pendant plus d’un an.
Les hommes facilitent également la propagation du virus d’autres façons, notamment par l’expédition de pneus et de conteneurs vers des destinations lointaines. Par ailleurs, l’augmentation du trafic aérien permet au virus d’accompagner ses hôtes humains dans de nouvelles régions éloignées.
La lutte contre la dengue est ardue : des systèmes de surveillance insuffisants, des services de santé publique inadéquats et le manque de ressources pour combattre le moustique vecteur la rendent difficile dans de nombreuses régions. Plus fondamentalement, on connaît mal la dynamique de sa transmission, c’est-à-dire comment l’évolution de l’utilisation des terres, des populations, du climat, des agents pathogènes et des déplacements à l’étranger peut faciliter ou accélérer la propagation de la maladie.
Tous ces facteurs interviennent dans les grandes villes du Bangladesh. La capitale, Dacca, qui compte 17 millions d’habitants, a connu plusieurs épidémies de dengue sévère ces dernières années. Toutefois, en raison de la faiblesse des infrastructures de santé publique et d’un manque de ressources, les fonctionnaires de cette ville pauvre et en pleine expansion n’ont pas la moindre idée du nombre de cas de dengue, ni des souches en circulation, des lieux privilégiés par les moustiques infectés et des périodes propices à l’infection.
Cette méconnaissance pourrait bientôt changer grâce à des travaux de recherche menés par des chercheurs bangladais et canadiens, et financés par le Centre de recherches pour le développement international, organisme canadien. L’équipe réunit des représentants du ministère de la Santé et de la Protection de la famille du Bangladesh et d’organismes scientifiques de renom (au Bangladesh, la North South University, l’International Centre for Diarrhoeal Disease Research, la Bangladesh University et la Jahangirnagar University et, au Canada, l’Université du Manitoba et l’Agence de la santé publique du Canada). Un organisme de la société civile qui est présent et jouit d’une crédibilité dans les bidonvilles ainsi que diverses autorités de quartier y participent aussi.
En termes simples, l’objectif de la recherche est de mieux comprendre le mode de transmission de la dengue à Dacca en se penchant sur de nombreux facteurs, dont la santé, l’environnement, le climat, le comportement humain et l’aménagement urbain. Cette connaissance est essentielle pour éviter la propagation du moustique vecteur et lutter contre le virus.
Les conclusions de la recherche permettront de faire des investissements stratégiques dans la santé publique et d’assainir les milieux de travail et de vie. Une bonne collaboration entre les groupes communautaires et les organismes gouvernementaux aidera à garantir l’efficacité des solutions mises en place dans les zones touchées. L’expérience de Dacca et les connaissances acquises pourraient aussi profiter à d’autres villes et régions aux prises avec des problèmes similaires.
En renforçant la capacité des chercheurs et des institutions gouvernementales de l’endroit à comprendre la dengue et à la combattre, la recherche non seulement réduira la souffrance à court terme, mais elle limitera les possibilités d’émergence de nouvelles maladies.
Les Canadiens, qui ont connu des flambées du syndrome respiratoire aigu sévère et du virus du Nil occidental ces dernières années, sont bien au fait de la menace que ces maladies représentent. Plus le Canada aide les pays en développement à lutter contre des maladies comme la dengue, mieux c’est pour nous tous.
Dominique Charron et Andrés Sanchez se spécialisent en écosanté, discipline qui consiste à étudier les liens entre les écosystèmes et la santé humaine, au Centre de recherches pour le développement international à Ottawa, au Canada. Un documentaire intitulé Zapped: the buzz about mosquitoes, qui fait état de cette recherche, a été diffusé le 17 janvier dans le cadre de l’émission The Nature of Things de la CBC (Nota : il n’est possible de regarder la vidéo que si l’on se trouve au Canada.).
Dominique Charron et Andrés Sanchez se spécialisent en écosanté, discipline qui consiste à étudier les liens entre les écosystèmes et la santé humaine, au Centre de recherches pour le développement international à Ottawa, au Canada. Un documentaire intitulé Zapped: the buzz about mosquitoes, qui fait état de cette recherche, a été diffusé le 17 janvier dans le cadre de l’émission The Nature of Things de la CBC (Nota : il n’est possible de regarder la vidéo que si l’on se trouve au Canada.).