Les coopératives, sources d'espoir pour les Marocaines
Des recherches menées dans le sud-ouest du Maroc en vue de préserver et d’exploiter une ressource forestière fort précieuse qui est menacée, l’arganier, ont permis de hausser considérablement les revenus des femmes berbères. Regroupées en petites coopératives, les femmes produisent de l’huile d’argan au moyen de méthodes à la fois traditionnelles et modernes et la mettent en marché. En même temps, elles apprennent à lire et à écrire ainsi qu’à gérer une entreprise.
Fatima, une veuve de 38 ans, est membre de la coopérative Taitmatine, dans la province de Taroudant. Son travail lui a permis de payer les frais de scolarité de ses enfants et d’apprendre à lire et à écrire. Elle a en outre eu l’occasion d’assister à des ateliers de sensibilisation portant sur divers aspects de la vie familiale et du fonctionnement d’une coopérative.
L’arganier est un arbre rustique, longévif et résistant à la sécheresse qui ne pousse qu’au Maroc. On en tire plusieurs produits, dont le plus précieux est l’huile d’argan, de couleur miel et au goût léger tirant sur la noisette. Cette huile de cuisson, qui est utilisée aussi pour les vinaigrettes, est en outre prisée pour ses vertus médicinales et cosmétiques.
Un mélange de technologies anciennes et nouvelles
Une cinquantaine de coopératives comme celle de Taitmatine ont vu le jour dans le sud-ouest du Maroc depuis 1996. Zoubida Charrouf, professeure de chimie à l’Université Mohammed V, a été l’agent catalyseur à l’origine de l’amélioration des techniques de production de l’huile d’argan et de la création de bon nombre de ces coopératives.
Mme Charrouf préside le conseil d’administration de l’Association Ibn Al Baytar, qui fait la promotion des plantes médicinales. À la faveur d’une subvention de recherche du CRDI visant une période de quatre ans (de 1998 à 2002), l’association et elle ont collaboré afin de stimuler et d’améliorer la production de l’huile d’argan de même que la gestion des activités dans ce secteur.
Certaines étapes laborieuses, comme le broyage des amandons et l’extraction de l’huile, ont été mécanisées. Non seulement cela a-t-il pour effet d’accélérer le processus, mais cela permet d’obtenir une huile de meilleure qualité, qui se conserve deux fois plus longtemps, en produisant moins de déchets. Une opération clé, le cassage des coques des noix d’argan entre deux pierres, se fait toujours à la main : cette opération ne se prête pas particulièrement à la mécanisation étant donné que le nombre d’amandons présents dans la noix varie.
De problème environnemental à débouché économique
Au départ, Mme Charrouf s’est intéressée à l’arganier surtout pour des raisons reliées à l’environnement. Elle cherchait à protéger cette espèce menacée, qui ne pousse que dans son pays et qui a longtemps été considérée comme un rempart vert contre le désert. En effet, à l’époque, on perdait plus de 600 hectares de forêt d’arganier chaque année. Par contre, on désirait aussi transformer ce problème en débouché économique.
Avant de s’adresser au CRDI, Mme Charrouf avait frappé à plusieurs portes, mais personne ne croyait au projet. Si le CRDI n’a pas financé l’ensemble des travaux, il a soutenu le maillon fort, estime-t-elle. Aujourd’hui, l’huile d’argan est connue partout sur la planète et selon elle, n’eussent été des travaux réalisés au départ grâce à l’appui du CRDI, on n’en serait pas où l’on en est aujourd’hui.
Les coopératives regroupent de 35 à 40 femmes. Ces dernières en tirent un grand avantage : elles touchent environ 6 euros (8,60 CAD) par jour – soit plus de dix fois ce qu’elles gagnaient il y a quelques années.
Le développement de la production de l’huile d’argan continue de bénéficier d’un soutien de taille grâce à une subvention de 12 millions d’euros. La moitié de cette somme provient de l’Union européenne et l’autre, du gouvernement du Maroc.
L’huile d’argan est aujourd’hui un produit-créneau de grande valeur sur le marché international. En avril 2009, elle s’est vu attribuer l’appellation IGP (indication géographique protégée), un label de qualité créé par l’Union européenne. L’IGP huile d’argan est la toute première IGP africaine.
Being part of the cooperative freed me from tedious domestic work in people’s homes. Now I’m learning to read and write and I’ve learned how to ensure the quality of the argan kernels. The cooperative has made me more independent. I’ve been able to visit other cooperatives in other provinces. I’ve seen how girls and women like me have been able to shape their own destiny and move ahead to develop their cooperatives.
Pour en savoir plus
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