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Réduire la contamination du maïs par les aflatoxines et l’exposition à celles-ci au Zimbabwe

 

Le maïs est la denrée alimentaire la plus importante du Zimbabwe, mais les pratiques d’entreposage traditionnelles et conventionnelles ne le protègent pas contre les principaux ravageurs et agents pathogènes. Jusqu’à 20-30 % des grains sont perdus en raison des conditions d’entreposage, et des essais effectués sur du maïs récolté au Zimbabwe ont révélé des niveaux importants de contamination par les aflatoxines. Ces toxines produites naturellement peuvent nuire gravement à la santé humaine lorsqu’elles sont ingérées, les bébés étant également à risque avec le lait maternel de leur mère. Chez les jeunes enfants, elles peuvent provoquer un retard de croissance, un retard du développement cognitif et une sensibilité accrue aux maladies infectieuses. Les aflatoxines peuvent aussi causer une hépatite ou un cancer du foie, et contribuer à la suppression du système immunitaire chez les humains et les animaux.

Bien que diverses technologies aient été élaborées pour diminuer les pertes après la récolte, leur efficacité à réduire la contamination des grains par les aflatoxines et l’exposition chez les humains est mal comprise. Ce projet a étudié l’efficacité de nouvelles technologies d’entreposage à atteindre ces objectifs dans les districts Shamva et Makoni au Zimbabwe.

Mise à l’essai des technologies

Le projet a utilisé un essai comparatif sur échantillon aléatoire pour vérifier l’efficacité de deux technologies hermétiques (étanches à l’air) – les silos en métal et les « supersacs » en plastique épais – par rapport aux méthodes d’entreposage conventionnelles telles que les sacs en polypropylène et les huttes de boue. Les ménages sélectionnés dans 12 quartiers des districts Makoni et Shamva ont été aléatoirement affectés à un groupe d’intervention qui utilisait la nouvelle technologie ou à un groupe témoin qui avait recours à l’entreposage classique. En collaboration avec le ministère de la Mécanisation agricole, 12 artisans ont été formés à la fabrication de silos en métal qui ont été distribués aux agriculteurs du groupe d’intervention.

Les chercheurs ont évalué l’étendue de la contamination des grains par les aflatoxines avec les deux types d’entreposage, chaque trimestre pendant deux saisons. L’exposition aux aflatoxines chez les mères et les enfants a été évaluée par l’entremise d’une analyse trimestrielle de l’aflatoxine M1 comme biomarqueur dans des échantillons d’urine et de lait maternel. Au total, 941 agriculteurs (dont 594 femmes, soit 63 %) ont été formés à la gestion après récolte et à la façon d’utiliser et de manipuler les technologies hermétiques. Ces formations ont permis d’accroître les connaissances des agriculteurs en matière de bonnes pratiques agricoles, ce qui par la suite augmentera la productivité agricole.

Résultats principaux

Des niveaux d’aflatoxines plus faibles

Les résultats ont montré que l’occurrence et les niveaux d’AFB1 en entreposage hermétique étaient plus faibles que ceux observés dans les installations d’entreposage classiques. Cela a démontré que la technologie hermétique est plus efficace pour empêcher le développement de l’aflatoxine B1 (AFB1) dans le maïs entreposé que les méthodes conventionnelles, et peut donc être utilisée pour réduire les pertes économiques dues aux dommages causés par des insectes. La moyenne de la perte de poids des grains de maïs due à la contamination par les insectes était de 6,11 % pour l’entreposage classique, de 3,54 % pour les silos en métal et de 2,54 % pour les sacs hermétiques.

La formation des agriculteurs à des pratiques efficaces avant et après la récolte a également permis de minimiser la contamination des grains par les aflatoxines. Par exemple, le séchage des grains à même le sol est passé de 61 % au début du projet à 2 % à la fin du projet.

Un meilleur accès aux ressources, aux marchés et aux revenus

L’analyse des pertes économiques avec l’utilisation des technologies après récolte améliorées indique qu’en réalité, les technologies hermétiques ont augmenté les revenus. Les ménages peuvent entreposer en sécurité leurs produits après la récolte lorsqu’il y a un excédent, puis les vendre quand les prix sont intéressants pendant la période difficile. Pendant la période difficile, un seau de 20 kg de grains de maïs entreposé à l’aide de méthodes conventionnelles se vend 4-5,50 USD (5,37-7,39 CAD), tandis que la même quantité de maïs entreposé à l’aide de la technologie hermétique se vend 7-7,50 USD (9,39-10,07 CAD).

Égalité des sexes et autonomisation des femmes

Les hommes et les femmes des ménages ont affiché des partenariats accrus lorsqu’ils réalisaient les tâches avant et après la récolte au niveau du ménage. Par exemple, dans les études de référence, 68 % des répondants ont indiqué que le décorticage du maïs était effectué par les hommes et les femmes. Ce pourcentage était passé à 92,5 % lors d’une étude finale.

Les agriculteurs utilisant des silos en métal hermétiques pour entreposer le maïs ont observé une diminution de la perte de qualité des grains. L’introduction de la technologie hermétique fait économiser du temps et des efforts aux femmes en éliminant le besoin d’appliquer des agents de protection chimiques pour contrer les infestations d’insectes, puis de nettoyer le maïs avant la mouture.

Une meilleure santé

Bien que les niveaux d’exposition humaine aux aflatoxines aient augmenté avec la durée d’entreposage des récoltes, les résultats ont révélé une plus faible présence et concentration d’aflatoxines M1 dans les échantillons d’urine des femmes et des enfants de ménages qui utilisaient la technologie hermétique, comparativement aux échantillons d’urine des femmes et des enfants qui utilisaient des installations d’entreposage conventionnelles. La sensibilisation aux aflatoxines et aux risques pour la santé qui y sont associés chez les femmes est passée de 36 % dans une étude de base en 2015 à 99 % à la fin du projet en 2016.

Capacité et influence sur les politiques

Les interactions avec le ministère de la Santé au cours de l’élaboration et de la mise en œuvre du projet de recherche ont entraîné l’inclusion d’une composante liée aux mycotoxines dans l’enquête nationale de 2015 sur les moyens d’existence en milieu rural effectuée par le Comité d’évaluation de la vulnérabilité du Zimbabwe.

Après l’achèvement du projet, les résultats ont été présentés en juin 2017 au ministère de l’Agriculture, de la Mécanisation et du Développement de l’irrigation (MAMDI) et au ministère de la Santé et de la Protection de l’enfant (MDSPE) du Zimbabwe, où des décideurs, des chercheurs gouvernementaux, des agronomes et des ingénieurs étaient présents. Les directeurs de ministère ont invité l’équipe de recherche à faire une autre présentation à la haute direction afin qu’une marche à suivre puisse être définie sur les mycotoxines au Zimbabwe. Le MAMDI et le MDSPE ont réalisé qu’il fallait inclure les renseignements sur les mycotoxines dans les manuels de formation des vulgarisateurs agricoles d’Agritex qui offrent aux agriculteurs des renseignements et des connaissances sur les pratiques agricoles afin d’augmenter la productivité.

Il est prévu que le projet contribue directement à de meilleures politiques pour régir la gestion avant et après la récolte, ainsi qu’à une réglementation des mycotoxines au Zimbabwe. Les travaux de recherche ont contribué au Programme pour une transformation socioéconomique durable du Zimbabwe, dans lequel le gouvernement du Zimbabwe vise, entre autres, à améliorer l’entreposage des cultures récoltées et la qualité des aliments.

Conclusions et recommandations

L’analyse a permis de conclure que les technologies hermétiques sont plus efficaces que les méthodes conventionnelles et peuvent donc être utilisées pour réduire les pertes économiques dues aux dommages causés par des insectes. Il est recommandé que les ministères gouvernementaux pertinents institutionnalisent la formation et l’éducation relatives aux bonnes pratiques de gestion avant et après la récolte, et aux risques pour la santé associés à la consommation d’aliments contaminés par des aflatoxines.

Cultiver l’avenir de l’Afrique est financé conjointement par le Centre de recherches pour le développement international, l’Australian Centre for International Agricultural Research, et l’Australian International Food Security Research Centre.

Apprenez-en davantage sur ce projet et ses résultats.